Surmonter les Défis de la Prépa : Comment Martin a Intégré l’ENS Lyon

Martin

MPSI / MP* au lycée Marcelin Berthelot

ENS Lyon

Martin, élève au lycée Marcelin Berthelot, a suivi un parcours exigeant en classe préparatoire avant de décrocher une place à l’ENS Lyon. Son témoignage met en lumière les défis qu’il a rencontrés, notamment la gestion de la pression en prépa et la nécessité de rester motivé malgré les doutes. Il partage aussi ses stratégies de travail qui l’ont mené à réussir les écrits des concours prestigieux, tout en se préparant aux oraux avec discipline



Présentation :


______J’ai eu la chance de rentrer en MPSI dans le lycée Marcelin Berthelot où j’étudiais en Terminale. Le choix de la proximité m’a permis de rester chez mes parents, ce qui peut parfois être une grande aide pour un tel cursus : surtout pour le moral, mais aussi pour des choses aussi bêtes que ne pas se prendre la tête avec les courses, les lessives, la cuisine… Et ça a certainement aidé, surtout dans les premières semaines, à prendre le rythme. En prépa, le rythme, c’est très très trèsimportant : il ne faut pas le sous-estimer. Beaucoup de gens qui arrivent avec de l’avance peuvent se permettre de moins travailler les premières semaines, mais ils ont généralement plus de mal à s’accrocher au moment où ils doivent réellement commencer à bosser, alors que les autres ont déjà pris le rythme, justement. C’est pour ça qu’il a été utile de travailler en groupe, et surtout au début. Ceux légèrement en difficulté permettent à ceux qui ont pris un peu d’avance de se poser des questions, pour essayer d’expliquer plus clairement les concepts abordés. Et si la dynamique de groupe est bonne, la motivation des uns compense les coups de mou des autres : je pense sincèrement que je n’aurai jamais tenu mes deux ans de prépa sans l’aide de certains camarades, et j’ose espérer que j’ai pu en aider autant. J’en parle dès le début, car c’est pour moi un des conseils les plus importants : ne vous isolez pas.

LES PREMIERES AMBITIONS :


______En première année, l’ambition était plutôt simple : jauger le terrain, évaluer mon niveau en cherchant à me donner à fond dès les premières semaines, puis réfléchir à court terme : MP, MP* ou PSI* ? Ensuite, j’allais réfléchir aux écoles. À vrai dire, comme de nombreux étudiants de prépa, je ne connaissais absolument aucune école en débarquant, à part l’X et le concept assez vague des ENS, qui paraissaient des rêves impossibles. Puis on nous parle de Supélec et des Mines, et là ça nous paraît plus réaliste : cela reste un énorme challenge, mais pas tout à fait inaccessible non plus. De toute façon, on ne sait pas vraiment ce qu’il se passe dans ces écoles en arrivant en prépa, ni ce qu’est un ingénieur. Les premiers résultats étant plutôt très encourageants en maths et en physique, le choix se pose maintenant entre SI et Info. Mon conseil sera très simple : si vous aimez les maths abstraites, prenez info ; si vous aimeriez avoir des outils supplémentaires pour la physique appliquée, prenez SI. Il n’y a pas vraiment de stratégie pour les concours : éliminez la matière qui vous pose le plus de problèmes. Ce qui nous mène vers le prochain choix : MP, PSI, MP* ou PSI* ? Généralement, si vous avez l’opportunité de prendre une classe étoilée, faites-le. Mais pour ce qui est du choix de matières…Là, une question s’est réellement posée, et elle amène l’un des points les plus importants de mon parcours. Au-delà du travail que j’ai fourni, des méthodes que j’ai employées ou des cours que l’on m’a donné ; c’est surtout le goût voire la passion pour les matières qui m’a de garder le rythme. Il est extrêmement rare (et j’admire d’autant plus ces gens !) que des classes soient majorées par des élèves qui n’ont pas un intérêt profond pour les maths, la physique, la SI ou la chimie ; au-delà de la simple réussite académique. Le plaisir d’apprendre est une énorme chance que j’ai eue, et il ne faut pas hésiter à le stimuler : c’est aussi ce qui fait l’intérêt de la prépa. La chance de pouvoir emmagasiner autant de connaissances et de méthodes en si peu de temps ; et de pouvoir se dépasser, se challenger en permanence. C’est pour ça qu’il faut – à mon avis – faire le choix du cœur. J’ai donc choisi la MP*, par intérêt pour le programme de physique qui comprenait de la quantique et de la stat, et pour celui de maths qui comprenait de la topologie plus avancée. Une fois arrivé en MP*, les résultats suivaient toujours : il fallait donc fixer un cap. Centrale et les Mines restaient des options au début de l’année, mais la possibilité X-ENS devenait de plus en plus palpable.
 

LA METHODE DE TRAVAIL :

En prépa, ma méthode se résumait en quatre points :

  1. Être à 100% attentif en cours, ne pas hésiter à intervenir dès que quelque chose n’est pas clair.
  2. Revoir les cours le soir même (ça peut être simplement relire le cours) : pas forcément pour être capable de tout ressortir ou de tout savoir refaire le lendemain, mais surtout pour être sûr que rien ne bloquera complètement la compréhension du prochain cours.
  3. Ne pas hésiter à passer beaucoup de temps sur les TD, même si le cours n’est pas encore connu par cœur, pour identifier les points importants de ces cours qui seront à utiliser dans les cas pratiques. Les séances de TD où l’exo corrigé n’a pas été préparé sont souvent des pertes de temps et d’acquisition des méthodes par la pratique.
  4. Ne pas hésiter à demander de l’aide.


____Le premier point nécessite une attention particulière en cours, qui demande parfois beaucoup d’efforts. Mais c’est autant d’énergie économisée sur le travail à la maison.
 
____Le deuxième point est nécessaire au bon déroulement du premier ; et il ne faut de toute façon pas être Einstein pour comprendre que ne jamais relire son cours en prépa, c’est du suicide. 

____Le troisième point est peut-être le plus singulier : ça a été pour moi un pari, qui s’est révélé gagnant sur certains points mais perdant sur d’autres. En effet, il permet une acquisition des méthodes par la pratique : on se souvient beaucoup mieux d’un raisonnement quand on a passé 2h à le chercher par soi-même, on se souvient aussi des erreurs qu’on a commises (souvent nombreuses) et on connaît alors les chemins qui mèneront à ces erreurs qu’on peut alors éviter. Le principal atout du point est donc l’efficacité à l’écrit, sur des exos d’oraux « classiques », ou de manière générale sur tout exo qui sera proche d’un exo que vous avez déjà traité. Et ça, ça se ressent beaucoup sur les DS, puis sur les écrits du concours : deux éléments qui ont été les principales réussites de mon passage en CPGE. Mais cette méthode a deux défauts, qu’il ne faut pas négliger :

  • Le premier est sans doute la fatigue : réfléchir sur des exos est peut-être plus stimulant que de refaire en boucle ses démos de cours, mais c’est aussi beaucoup plus épuisant, et parfois frustrant : on bloque souvent, on n’y arrive pas…et c’est normal ! On est là pour apprendre. En se donnant autant à fond, une 5/2 au même rythme est difficilement envisageable. 

  • Le deuxième défaut de cette méthode, qu’elle partage avec le bachotage, est le plus sournois : il y a une « illusion de sécurité ». On est généralement évalué à l’écrit sur des exercices complexes, qui demandent des méthodes classiques mais qui questionnent généralement peu sur le fondement même des outils utilisés. Autrement dit, des définitions très précises, des démonstrations techniques, ou très abstraites, sont rarement questionnés. Pourtant, ces bases doivent être extrêmement solides pour résister aux remises en question des examinateurs des oraux : il faut être sûr de son cours, il n’y a plus le temps de « retrouver la formule » comme on peut le faire à l’écrit. Et le temps passé sur les TD est un temps moins consacré à la consolidation de ces bases, il faut donc faire attention pour ne pas être surpris au dernier moment ! Avec cette méthode comme avec d’autres, de toute façon, la réussite ne peut venir qu’avec de la discipline, de la patience, de la résignation et de la détermination.
     

LES ECRITS ET LA PREPARATION AUX ORAUX :


_____Les deux semaines de révisions ont probablement été parmi les plus productives de ma vie. Tout le programme de physique et de maths (cours comme TD) refait en une semaine et demie, puis quelques sujets sélectionnés sur des thèmes qui nous intéressaient. Et tous les soirs ou presque, une dissertation de français ou une traduction d’anglais s’ajoutait. Encore une fois, je n’ai pas travaillé seul, et la coopération (coordination des révisions, mise en commun des cours/corrections, sujets de concours à plusieurs, questions sur des points de cours…) a été d’une grande aide. 

_____Puis, il y a eu quatre jours de repos (bien nécessaires) avant d’entamer X-ENS. Et là, incertitude totale. Personne ne peut savoir s’il réussit ou non une épreuve d’écrit. Les impressions sont généralement au mieux des sources de stress inutile, au pire des faux espoirs. Alors à midi, il faut essayer de parler d’autre chose même si c’est dur. J’étais personnellement persuadé d’avoir raté spectaculairement une certaine épreuve de maths de l’X, n’ayant traité que 8 questions sur les 28…Mais il suffit parfois de 8 questions bien traitées pour se démarquer. 
 
_____Les semaines à Villepinte pour les Mines et Centrale étaient un peu hors du temps : avec l’habitude qui commençait à s’installer, j’abordais les épreuves plus sereinement. L’ambiance était particulière : une grande zone industrielle peuplée uniquement d’étudiants, et le soir des repas avec les copains à l’hôtel ou aux alentours. 
 
_____Le retour en prépa est alors brutal : le rythme de la préparation aux oraux est très différent, mais très intense. On ne voit plus grand chose de nouveau mais énormément d’exos classiques : il faut arriver reposé ! Les résultats X-ENS sont arrivés très vite : « admissible à l’X et à toutes les ENS ». Moment un peu suspendu, et joie partagée par trois autres camarades dans le même cas. L’ENS est alors envisageable ! Je me rends alors compte de deux choses : j’aime trop la physique pour faire autre chose l’an prochain ; ces écoles sont maintenant à ma portée ; et je ne serai sûrement pas en capacité mentale de faire une 5/2. 
 
_____Il fallait donc assurer au maximum les chances d’intégrer les ENS. Pour cela, il y avait une seconde voie : l’admission sur dossier. Souvent négligée ou méconnue, cette option offre assez souvent la possibilité d’éviter une 5/2 (ou un magistère après la 5/2) en donnant accès à un diplôme de l’ENS dans une matière particulière (pour moi, la physique), avec pour seule différence avec les admis sur concours l’absence de salaire sur la durée des études. Ce fut donc une série de dossiers, CVs, lettres de motivation, de recommandation qui furent envoyées aux différentes ENS. Les modalités d’examens sont différentes selon les ENS et les départements, il faut donc se renseigner. 

 _____La préparation aux oraux fut alors de courte durée : deux semaines plus tard, je devais commencer à passer les oraux de l’ENS, et il fallait d’ailleurs finir le TIPE avant cette date limite (et rédiger un rapport spécifique pour les ENS). C’est alors que je me suis rendu compte d’une chose : j’avais jusque-là beaucoup trop négligé le travail de l’oral ; trop focalisé sur le fait de « passer les écrits ». Grosse panique, donc, après le peu de colles disponibles avant le départ aux oraux. C’est quelque chose à éviter : la confiance en soi est primordiale dans cet exercice. Les résultats des écrits de Centrale et des Mines sont sortis au milieu de ma semaine des ENS, et je crois que ça a été relativement un soulagement, puisque la méthode de travail avait effectivement payé à l’écrit.

LES ORAUX :


______Les oraux ont pour moi été le moment le plus difficile de la prépa. Le mental est mis à l’épreuve pendant quatre semaines (surtout les deux premières), et il est parfois extrêmement frustrant de ne pas réussir un exercice ou de ne pas comprendre ce qui est demandé ; on voudrait pouvoir montrer à l’examinateur tout le travail fourni pendant deux ans. Il faut donc paraître sûr de soi et réfléchi. Exercice dans lequel je n’ai manifestement pas excellé : ma note d’écrit en physique à Ulm a été trois fois supérieure à celle de l’oral. On sent pourtant que la confiance vient avec l’expérience : le stress s’est atténué au cours de la semaine et mes notes d’oraux ont d’ailleurs plus que doublé entre le lundi et le vendredi. Pour polytechnique, la motivation était totalement écrasée sous le stress et les performances ont été très moyennes. Le sport et le français ont d’ailleurs été mes meilleurs résultats, ce qui n’est pas vraiment bon signe en MP. Mais une fois cette semaine passée, avec l’habitude de l’exercice oral, les oraux aux Mines se sont passés sans stress et presque avec plaisir : à partir de là, les oraux se sont bien passés. Ce fut de même pour Centrale, où je croisais en plus des amis pour décompresser entre chaque épreuve, chose qui était d’autant plus difficile les premières semaines. 
 
______Compte-tenu de mon expérience salée avec les oraux, je pense qu’il est important de ne pas négliger l’opportunité qu’offre une colle de s’exercer à l’oral autant dans la forme que dans le fond. Et je dirais aussi qu’il vaut mieux utiliser la préparation aux oraux pour être sûr de maîtriser le cours, qui peut parfois paraître lointain après autant d’épreuves, surtout si on a privilégié les TD au cours de l’année. Les résultats des oraux X-ENS n’ont d’ailleurs pas été spectaculaires : aucun classement, mais Rennes où il n’y a pas de physique. Mais – miracle – une admission sur dossier à l’ENS Lyon en physique a sauvé ma semaine – et à vrai dire, mon été. Sans cette opportunité, j’aurai été actuellement soit encore en prépa, soit dans une école d’ingénieur probablement très bonne (de toute façon, toutes les écoles d’ingénieur des concours Mines, Centrale et CCINP sont très bonnes et demandent du travail !), mais à étudier 80% du temps des domaines qui ne m’intéressent pas. Ça a été le choix du cœur : une école pour étudier ce qui m’intéresse dès maintenant, puisque j’ai eu la chance d’avoir cette opportunité. Et bien que l’ego puisse parfois être motivant en prépa, il aurait été irréfléchi de choisir le lieu de mes 3 prochaines années sur ce critère..

 
APRES LA PREPA :


______Depuis la fin de la prépa, un sentiment se partage parmi tous les élèves : le soulagement. Pendant ces deux ans, certaines mauvaises habitudes deviennent la norme : manque de sommeil, manque de nutrition, manque de sport et déni des signaux de faiblesse physique envoyés par le corps…C’est autant de réflexes qui se reprennent très vite une fois la pression des concours retombée, et ça fait beaucoup de bien. Le mieux aurait été de conserver ces réflexes pendant les deux ans, mais c’est un jeu d’équilibriste que chacun essaie d’ajuster à sa sauce avec l’exigence des études. Et quand la vie sociale s’ajoute dans l’équation, ça devient vraiment dur à gérer (De toute façon elle s’ajoutera à un moment, que vous le vouliez ou non : on reste humains). 
 
______Un autre concept qui fait son grand retour après la prépa est celui du temps libre. Car en prépa, le temps est une denrée rare, source de stress. Le travail du week-end est fini ? Vite ! Il faut absolument en profiter pour sortir ou voir ceux qui nous sont chers pour rentabiliser ce temps disponible, ou pratiquer du sport…Le manque de temps général crée certes une meilleure appréciation de sa valeur, mais trop souvent du stress inutile. Et ça, maintenant, c’est fini. Peu importe l’école d’ailleurs : il y a toujours quelque chose à faire pour se changer les idées ou prendre soin de soi et des autres. Si vous avez peur de garder la même mentalité de sacrifice pour le travail qu’en prépa toute votre vie, sachez que ce ne sera probablement pas le cas. Pour résumer : n’ayez pas peur de viser haut et surtout de viser ce que vous aimez, vous trouverez toujours une école qui vous plaira de toute façon. Donnez-vous à fond, vous en serez heureux dans deux ou trois ans. Faites attention à vous, et à ceux autour de vous ; ils vous rendront la pareille.



L'aigle en Prépa
Author: L'aigle en Prépa

BONJOOOUUUR, c'est l'Aigle, le seul et l'unique Aigle. Afin d'améliorer Prép'Aide, n'hésitez pas à commenter les témoignages, à participer au forum et à m'envoyer des e-mail si vous rencontrez un quelconque soucis : aigle@prep-aide.com

Laisser un commentaire